Republique De Bolivie
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Etudes de Cas

L'auteur: Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture
Le contact: Jean Bonnal

Republique De Bolivie


Les appellations employees dans cette publication et la presentation de donnees qui y figurent n'impliquent de lat part des auteurs aucune prise de position quant au statut juridiqude des pays, territoires, villes ou zones, ou de leurs autorites, ni quant au trace de leurs frontieres ou limites.

A. Données générales sur le pays

Superficie1 084 380 km ²
Population (millions)7,8
Taux de croissance démographique 2,4%
Taux d'urbanisation (1995)60,8%
Densité (1995)7 h/km ²
PIB (1994) MilliardsUS$ 5,51
PIB par habitantUS $ 706
Unité monétaireBoliviano
Budget de l'Etat13 % du PIB
Indicateur développement humain 0,530
Rang IDH (sur 174 pays)113
Frontières, topographie et climat La Bolivie est limitée au nord et à l'est par le Brésil, à l'ouest par le Pérou et le Chili et au sud par l'Argentine et le Paraguay. Elle est traversée par deux chaînes de montagnes, la Cordillère Orientale et la Cordillère Occidentale. Le pays se divise en trois régions distinctes: l'Altiplano ou région de hauts plateaux; les Yungas, profondes vallées boisées et bien irriguées; et les Llanos, ou plaines Orientales. L'Altiplano a une altitude moyenne de 3 800 mètres. Dans la partie septentrionale du plateau se concentre l'essentiel de la population et de l'industrie du pays. La partie méridionale est aride. La région des Yungas commence sur les contreforts de la Cordillère Orientale d'où s'amorcent plusieurs vallées. C'est une région fertile dont l'activité est essentiellement agricole. La plus grande partie de cette région se transforme en marécages pendant la saison humide (décembre, janvier et février); cependant, de grandes surfaces restent au-dessus du niveau des crues et constituent de riches pâturages. Enfin, les plaines Orientales, au climat tropical, couvrent plus de la moitié du territoire. Cette région est traversée par plusieurs affluents de l'Amazone.

Etant située sous les tropiques, la Bolivie possède un climat chaud et humide mais, en raison de ses différentes altitudes, le pays est soumis à d'importants écarts de conditions climatiques. Dans les régions les plus élevées, le climat est froid et sec accompagné d'un vent glacial, d'une atmosphère raréfiée et des écarts extrêmes de température. Dans les régions plus basses, le climat est plus doux. La température annuelle moyenne oscille entre 8°C dans l'Altiplano et 26°C dans les Llanos. La saison sèche et froide va d'avril à octobre, celle des pluies de novembre à mars. À la Paz, la température moyenne est de 10°C, celle de Sucre est de 12°C.

Caractéristiques et évolutions récentes du système politique

La Bolivie est une république constitutionnelle dont le sommet est le président. La constitution en vigueur date de 1825 mais elle a été révisée à plusieurs reprises. Le président, le vice-président et le gouvernement sont investis du pouvoir exécutif. Le président et son vice-président sont élus au suffrage universel pour un mandat de cinq ans. Le Congrès national est bicaméral: il est composé d'un Sénat de 27 membres et d'une Chambre des députés de 130 membres. Tous sont élus pour des mandats de cinq ans. La capitale constitutionnelle est Sucre, tandis que la capitale administrative et le siège du gouvernement est La Paz; toutes deux sont les villes principales de la Bolivie. Les principaux partis politiques sont le Mouvement de la gauche révolutionnaire (MIR), le Mouvement national révolutionnaire (MNR) et l'Action démocratique nationaliste (ADN).

Le pays est divisé en neuf Départements, administrés par des préfets nommés par le président. Chaque département est lui-même divisé en provinces, administrées par des sous-préfets, également nommés par le chef de l'Etat. Au-dessous, les municipalités sont dirigées par des maires élus au suffrage universel.

L'agriculture en Bolivie

L'agriculture est une activité de première importance pour l'économie bolivienne. Elle emploie pratiquement la moitié de la population active du pays et représentait environ 20 % du PNB en 1993. Bien que la Bolivie soit aujourd'hui autosuffisante en ce qui concerne la production de sucre, de riz et de viande, elle doit encore importer certaines denrées alimentaires. Les principales cultures boliviennes sont les pommes de terre, la canne à sucre, le coton, le café, le maïs, le riz et le blé. À côté de ces cultures légales, il existe un autre type de production: une grande partie du revenu agricole provient, en effet, de la culture et de la transformation illégales des feuilles de coca, à partir desquelles est fabriquée la cocaïne. Le gouvernement bolivien a essayé de substituer aux plantations de coca d'autres cultures, mais cette substitution a soulevé de nombreuses difficultés et la coca demeure l'une des principales sources de revenus du pays.

Les forêts couvrent une importante superficie du territoire, mais leurs exploitation devient de plus en plus intensive et une gestion prudente s'impose pour éviter une dégradation de l'environnement. Environ 8 % du territoire de la Bolivie est actuellement protégé, et c'est le premier pays à avoir conclu un accord d'échange de "dette-pour-nature" par lequel les dettes internationales sont effacées en échange de la protection des régions menacées. Cet accord représente 800 000 ha, principalement dans la forêt tropicale humide, particulièrement riche en biodiversité.

Situation économique actuelle

Dès 1985, la Bolivie a essayé avec beaucoup de difficulté de mettre en place un programme d'ajustement structurel et de stabilisation économique. Les efforts les plus décisifs en ce sens datent de 1992 et 1993, quand un important programme de privatisations a été mis en œuvre. En 1994, le programme de restructuration économique a commencé à donner ses premiers résultats. L'inflation s'est considérablement réduit et plusieurs secteurs de production, dont l'agriculture, ont connu un développent rapide.

B. Processus de décentralisation en cours

Historique, objectifs et cadre juridique

Le processus de décentralisation a démarré en juin 1994. La décision du gouvernement d'avancer dans cette voie a été prise pour répondre à une pression sociale de la part des communautés portant sur une plus grande reconnaissance et participation. En conséquence, l'objectif principal affiché par la politique de décentralisation a été de répondre aux demandes de reconnaissance culturelle de la part des différentes composantes ethniques de la nation bolivienne. Poussée également par des recommandations des organisations internationales, la loi de décentralisation a pu ainsi être votée en juin 1994.

Fonctions, ressources et autonomie des entités décentralisées

Dans le cadre de cette loi, les Départements et Provinces ont reçu des nouvelles responsabilités en matière d'exécution et financement, alors que les municipalités et communes recevaient des pouvoirs de décision inédits jusqu'alors. Plus important encore, contrairement à ce qui s'est passé dans d'autres pays, le gouvernement bolivien a pris soin de mettre à la disposition des nouvelles collectivités décentralisées des ressources budgétaires suffisantes pour leur permettre d'accomplir les nouvelles fonctions qui leur reviennent dans le contexte de la décentralisation. Ainsi, les réformes de 1994 ont multiplié par deux la part des ressources fiscales allant aux municipalités.

La priorité a été donnée d'une manière claire et décisive au niveau local de gouvernement (communes, municipalités et, dans une moindre mesure, organisations de la société civile), lequel dispose d'une très forte autonomie en ce qui concerne l'utilisation des ressources imparties. Le niveau intermédiaire ne jouit pas de la même autonomie en l'utilisation de ces ressources. Dans tous les cas, la tutelle sur les entités décentralisées incombe au Ministère de développement humain et au Secrétariat National de Participation Populaire. La décentralisation en Bolivie a permis de passer d'une offre très centralisée de services publics à une autre forme d'approvisionnement plus décentralisée, dans la mesure où les municipalités ont reçu la responsabilité en matière d'infrastructures locales sous la vigilance de comités de base et autres formes d'organisation de la société civile.

C. La décentralisation et le développement rural

Formes de la décentralisation et élaboration des politiques agricoles et de développement rural

Le processus de décentralisation dans le secteur agricole et rural a commencé dès 1993-94 mais, en raison de sa complexité, il n'a pas été possible de respecter le calendrier d'application prévu. Malgré les retards de calendrier, on constate d'ores et déjà une forte dévolution de pouvoir aux collectivités territoriales. La dévolution aux organisations de la société civile est par contre plutôt faible. De la même manière, la déconcentration et la délégation sont moins importantes que la dévolution, ce qui permet de parler d'une véritable municipalisation du développement rural en Bolivie, d'autant plus forte que l'ensemble du pouvoir exécutif a été restructuré d'un point de vue administratif pour l'adapter à la nouvelle politique de décentralisation fortement axée sur le niveau local.

En particulier, les modalités de planification du développement rural bien que essentiellement nationales, combinent des procédures descendantes et ascendantes de formulation. Ceci a permis d'introduire une certaine différenciation des politiques tant en fonction des régions que des types de production, ainsi qu'un plus haut degré de concertation avec le niveau local et des formes embryonnaires de coordination au niveau des Départements. Les procédures de concertation et de coordination en matière d'équipements et infrastructures ruraux consistent en une prise de décisions au niveau national, un financement local, et un contrôle, suivi et évaluation sous la responsabilité des Départements.

Les services d'appui à l'agriculture et la décentralisation

En ce qui concerne la décentralisation des principaux services d'appui a l'agriculture, la définition des politiques en matière de vulgarisation et irrigation a été transféré aux Départements, alors que le niveau national reste le principal responsable de la définition des politiques en matière de formation, recherche, et crédit. Les changements les plus importants en matière de financement concernent les services de vulgarisation et irrigation, dont la responsabilité a été transférée au niveaux local et intermédiaire, respectivement.

La configuration du rôle des divers acteurs dans l'offre des différents services est relativement équilibrée: les ONG jouent un rôle important dans les tâches de formation, les organisations de producteurs en irrigation, le secteur privé dans l'offre d'inputs. Toutefois on observe une forte présence de l'Etat dans l'offre de services de vulgarisation, recherche et crédit agricole.

Politiques d'accompagnement, contraintes et évaluation sur le processus de décentralisation

Les politiques d'accompagnement au processus de décentralisation sont un chapitre qui paraît avoir donné lieu à une approche très bien adaptée de la part du gouvernement bolivien, par la mise en place notamment d'une politique globale d'information sur le processus ainsi que d'une politique de formation tant aux services techniques qu'aux collectivités territoriales. Il est à regretter toutefois que les programmes de formation aux collectivités territoriales aient pu être jugés insuffisants. Le processus de décentralisation n'a cherché ni a promouvoir des nouvelles organisations de la société civile, ni à mettre en place des mécanismes d'appui aux organisations présentes. Il a été décidé par contre de s'appuyer sur les formes d'organisation préalablement existantes en Bolivie.

Le privilège accordé au niveau local et un certain manque des politiques conséquentes pour améliorer le fonctionnement du niveau intermédiaire, ont amené un certain nombre d'observateurs à considérer que la principale contrainte du processus de décentralisation consiste, d'une part, en l'absence de coordination entre les différents niveaux de gouvernement et, d'autre part, en la faiblesse du niveau intermédiaire (les Départements).

Globalement, la décentralisation en Bolivie paraît avoir eu des impacts positifs sur les programmes de lutte contre la pauvreté, sur les infrastructures sociales (santé, logement et éducation) et productives (chemins, irrigation et entrepôts) ainsi que sur la participation de la population. Moins favorable est le bilan en matière de services d'appui à l'agriculture et de protection de l'environnement.

Perspectives d'avenir

Un élément positif du processus de décentralisation en Bolivie, qui mérite d'être souligné, consiste en l'institutionnalisation des formes d'organisation locales et leur reconnaissance juridique. La Loi de participation populaire a reconnu en effet les diverses organisations -y compris celles ayant une base ethnique- comme les interlocuteurs privilégiés des gouvernements locaux. Ainsi, un nombre important d'organisations indigènes et paysannes s'est lancé à la conquête des espaces de participation ouverts au niveau des gouvernements locaux, ce qui leur permettra à l'avenir de jouer un rôle central dans la gestion de leurs propres affaires.