REPUBLIQUE DU SENEGAL
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Etudes de Cas

L'auteur: Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture
Le contact: Jean Bonnal

Republique du Senegal


Les appellations employees dans cette publication et la presentation de donnees qui y figurent n'impliquent de lat part des auteurs aucune prise de position quant au statut juridiqude des pays, territoires, villes ou zones, ou de leurs autorites, ni quant au trace de leurs frontieres ou limites.

A. Données générales sur le pays

Superficie196.722 km²
Population (millions)8,1
Taux de croissance démographique2,7%
Taux d'urbanisation (1995)40%
Densité (1995)41,2 h/km²
PIB (1994) MilliardsUS$ 3,06
PIB par habitantUS$ 377
Unité monétaireFranc CFA
Budget de l'Etat14% du PIB (1994)
15,3% (1995)
Indicateur développement humain0,340
Rang IDH (sur 174 pays)152

Frontières, topographie et climat

Avec la presqu'île du Cap-Vert, le Sénégal occupe la position la plus avancée de l'Afrique de l'Ouest dans l'Océan Atlantique. Il se situe entre 12° et 17° de latitude Nord et 11° et 18° de longitude Ouest. Le Sénégal est limitée au Nord et au Nord-Est par la Mauritanie, au Sud-Est par le Mali, au Sud par la Guinée et la Guinée Bissau. La Gambie constitue une enclave de 10.300 km² à l'intérieur du territoire sénégalais. Le Sénégal est un pays plat ne s'élevant pas au dessus de 130 mètres à l'exception de la région Sud-Est où le relief ne dépasse pas 581 mètres au point culminant des contreforts du Fouta Djallon. Le climat est soumis à la fois à des facteurs géographiques de par la présence d'une façade maritime de plus de 700 km et de la situation à l'extrême Ouest du continent africain, et à des influences atmosphériques sous les effets de l'alizé maritime, de l'harmattan et de la mousson. Ces masses d'air déterminent deux saisons différenciées par une pluviométrie très contrastée. De Novembre à Avril c'est la saison sèche. De Mai à Octobre la saison des pluies, appelée aussi hivernage, se manifeste tout d'abord dans la région Est puis gagne le reste du pays. Les précipitations décroissent de 1.500 mm de pluies par an dans les régions méridionales (Ziguinchor, Kolda) à 800 mm dans la zone centrale (Kaolack), puis à 300 mm au Nord (Podor, Matam). Le réseau hydrographique est de régime tropical, marqué par des différences importantes de débit entre la saison des pluies et la saison sèche qui peut même entraîner le tarissement des rivières. La crue du fleuve Sénégal contribue à l'alimentation de certaines nappes phréatiques. Le territoire dispose d'importantes ressources d'eau souterraines et plusieurs zones de végétation. Au Nord du pays la zone sahélienne est couverte d'une brousse clairsemée où prédominent les épineux. La savane arborée, riche en faune, caractérise les zones soudaniennes (Centre-Est). La forêt épaisse est localisée dans la zone subguinéenne, limitée à la région de la Basse-Casamance. La température moyenne annuelle des régions côtières est de 27°c et celle des régions de l'intérieur est de 35°c.

Caractéristiques et évolutions récentes du système politique

A l'issue de l'échec de l'éphémère Fédération du Mali, le Sénégal accède à l'indépendance en 1960 à l'instar de la plupart des pays africains. La première constitution marqua son option pour un régime parlementaire, expérience inédite qui ne survivra pas de la crise de Décembre 1962, et le 7 Mars 1963 une nouvelle constitution de régime présidentiel fut adoptée. La vie politique fut d'abord marquée par un monopartisme avec l'Union Progressiste Sénégalaise (UPS), qui deviendra plus tard le Parti Socialiste (PS). Ensuite, à partir de 1974 quatre courants de pensée furent prévus par les nouvelles dispositions constitutionnelles (loi 76-01 du 19-03-1973 et loi const. N°78-68 du 28/12/1978) avec la création de trois autres partis. Enfin, le multipartisme intégral sera instauré en 1981 avec l'avènement du 2ème Président de la République, ce qui a conduit à une prolifération de partis politiques (trente six en fin 1998). Le pouvoir législatif, est exercé par l'Assemblée Nationale de 140 membres secondée par un Sénat de 60 membres élus, pour 5 ans. Le Sénégal est divisé administrativement en 10 régions dirigés par un Gouverneur nommé par le pouvoir central et administré par un conseil régional unique assemblée délibérante dont les conseillers sont élus au suffrage universel direct pour 5 ans. Le pouvoir exécutif régional est exercé par le Président du conseil régional élu par ses pairs pour 5 ans.

L'agriculture au Sénégal

Le secteur agricole, qui occupe 60% de la population connaît de grandes difficultés depuis deux décennies. La contribution de l'agriculture au PIB qui était de 18,75% sur la période 1960-1966 est tombée à 10% aujourd'hui. Le taux de croissance de la production agricole n'a été que de 2,7% entre 1981 et 1991, soit le niveau du taux de croissance démographique. Sur les 19,7 millions d'hectares que couvre le pays 3,8 millions sont cultivables dont 2,4 millions effectivement cultivés. La diversité des sols et leur vocation agricole combinées à la diversité climatique et à la disponibilité de ressources hydriques de surface souterraines aboutissent à la détermination de six entités géographiques homogènes appelées zones agro-écologiques. Malgré d'importants investissements réalisés, en particulier dans la vallée du fleuve Sénégal avec la construction du barrage de Diama qui limite la remontée d'eau salée et celle de Manatali qui régularise le cours du fleuve Sénégal ainsi que la réalisation aménagements hydro-agricoles, la production rizicole est restée très insuffisante. La production des autres cultures (coton, arachides, céréales…) a même diminué. L'exode rural s'est accéléré et le déficit alimentaire s'est aggravé du fait de la forte croissance d'urbanisation et de la divergence du système de production agricole et celui de la consommation. La signature en 1995 de la lettre de Politique de Développement Agricole (LPDA), et son approbation par la Banque Mondiale se sont traduites par la mise en œuvre effective du PASA (mesures d'ajustement) suivi en 1998 du PISA (volet investissement). Globalement, la politique des prix du gouvernement s'est traduite par une augmentation des prix réels de la plupart des cultures, cependant la baisse de revenu réel des paysans s'est accompagnée de la réduction très sensible de l'utilisation des intrants agricoles, de la vétusté du matériel agricole et de la non disponibilité en quantité suffisante des semences de bonne qualité. Au début de l'année 1997, la plupart des mesures contenues dans le PASA ont été appliquées et le secteur est pratiquement libéralisé. Toutefois, les résultats sont en deçà des attentes et le secteur agricole connaît encore des difficultés.

Situation économique actuelle

Depuis l'indépendance, l'économie sénégalaise a connu une évolution contrastée. Faisant : une période faste de cinq années consécutives marquées par une forte croissance, une phase enclenchée à partir de la fin des années 70 se caractérise par la stagnation de la production nationale, la dégradation des équilibres financiers internes et la montée de l'endettement extérieur. Cette période marque le début de la mise en œuvre de profondes réformes : une politique de stabilisation en 1978 la mise en œuvre du Plan de Redressement Economique et Financier (PREF). Un programme d'ajustement structurel à moyen et long terme (PAMLT) de 1985 à 1992. Malgré ces réformes, l'économie sénégalaise restait toujours caractérisée par une faible croissance de son PIB (en moyenne 2,9% en termes réels). Cependant les finances publiques ont connu une amélioration notable : le solde des opérations de l'Etat est passé de 2,9% du PIB en 1985 à un léger excédent 0,2% du PIB en 1991. En 1993, le pays était plongé dans une crise économique profonde liée à un contexte international déprimé, à l'essoufflement de certains secteurs d'activité (pêche, phosphate, arachide et tourisme). Un plan d'urgence économique fut mis en œuvre en Août 1993. Le changement de parité de la monnaie en 1994 a été immédiatement suivi de la signature d'un accord de confirmation avec le Fonds Monétaire International, transformé en Août en un accord de trois ans au titre de la facilité d'ajustement structurel renforcée (FASR). La Banque Mondiale a octroyé en Mars 1994, un crédit de relance économique. Des acquis budgétaires et d'origine multilatérale (Union Européenne) et bilatérale (notamment la France) y compris les opérations de rééchelonnement de la dette extérieure ont également appuyé ce programme. En outre, les bailleurs de fonds réunis en groupe consultatif en Juillet 1995 à Paris se sont engagés pour un appui financier sur la période 1995/1997. Dans le cadre de la mise en œuvre de ce PAS, le Sénégal a dans l'ensemble, fait des progrès notables dans le redressement du cadre macro-économique, la réduction des déséquilibres financiers, la libéralisation de l'économie et l'établissement de bases plus favorables à une croissance économique durable. Les objectifs macro-économiques ont été globalement atteints et la plupart des repères et des critères ont été respectés. Sur l'ensemble de la période, la croissance du PIB reste supérieure au taux de croissance démographique (2,7%).

B. Processus de décentralisation en cours

Historique, objectifs et cadre juridique

Les origines de l'expérience sénégalaise de décentralisation remontent de l'époque coloniale avec les quatre communes de plein exercice qui constituaient un creuset de formation à la gestion participative des affaires locales. Toutefois cette expérience avait très peu d'impact sur le pays réel parce que concernant uniquement une élite de certaines communes. C'est pourquoi le véritable début du processus correspond à la création de la communauté rurale en 1972. Il s'agissait à partir de cette période de permettre les populations rurales constituant la grande majorité de la population de participer à la gestion des affaires locales. En 1990 et surtout en 1996, des avancées significatives ont été faites dans le sens du renforcement du processus: responsabilisation des présidents de conseil rural en matière de gestion, création de la région dotée de personnalité propre accompagnée de transfert de compétence.

Fonctions, ressources et autonomie des entités décentralisées

A travers la loi de 1996, une nouvelle entité, la région a été créée qui a pour vocation d'être le cadre de conception du développement régional, la communauté rurale étant le cadre d'exécution. Cette loi a été accompagnée d'un transfert de neuf domaines de compétences judicieusement répartis entre la région, la commune et la communauté rurale. Une réforme importante de la fiscalité est en cours pour doter les collectivités locales des moyens en adéquation avec les nouvelles missions.

C. La décentralisation et le développement rural

Formes de la décentralisation et élaboration des politiques agricoles et de développement rural

La première décennie d'indépendance est marquée par un interventionnisme systématique de l'Etat en matière d'encadrement du monde rural. Cette option n'ayant pas entraîné les résultats escomptés, des réformes d'envergure ont été engagées à partir de 1984 avec la Nouvelle Politique Agricole (NPA) ainsi que la mise en œuvre du Programme d'Ajustement du Secteur Agricole (PASA). Avec l'évolution du processus de la décentralisation, le monde rural devient le champ d'intervention de l'administration centrale et déconcentrée et les collectivités locales décentralisées. Plusieurs ministères ont vocation à intervenir dans le monde rural : Ministères en charge de l'Intérieur, de l'Environnement et de la Protection de la Nature, de l'Hydraulique, et surtout le Ministère de l'Agriculture. L'administration territoriale déconcentrée (Gouverneurs, Préfets, Sous Préfets et Chefs de village) représente l'Etat dans les régions, départements, arrondissements, et villages. Quant aux collectivités locales décentralisées, elles sont au nombre de deux en milieu rural : la communauté rurale qui constitue la communauté de base et la région. Elles sont dotées de la personnalité morale et de l'autonomie financière et s'administrent librement par des conseils élus.

Les services d'appui à l'agriculture et la décentralisation

Le PASA vise à conforter le cadre de la décentralisation tout en donnant une orientation nouvelle aux services d'appui à l'agriculture. Sa mise en œuvre est envisagée au travers de plusieurs programmes d'appui dont notamment le Programme National d'Infrastructures Rurales qui doit s'étendre sur douze ans. L'objectif recherché est l'amélioration et la consolidation du cadre réglementaire et institutionnel de la décentralisation, l'établissement d'un Fonds d'Investissement Rural (FIR) pour le financement complémentaire des infrastructures communautaires de base essentielles et le désenclavement des communautés rurales. A travers ce programme d'ajustement, l'Etat entend par le truchement du Programme de Services Agricoles et d'Oganisation de Producteurs aussi renforcer les capacités des organisations de producteurs, réorganiser les services agricoles en restructurant les services centraux, régionaux et locaux du Ministère de l'Agriculture, en réorganisant la recherche agricole et agro alimentaire et en mettant en place un nouveau conseil agricole et rural partagé avec les organisations paysannes et le secteur privé.

Politiques d'accompagnement, contraintes et évaluation sur le processus de décentralisation

Les politiques d'accompagnement mises en œuvre en appui à la décentralisation concernent l'appui institutionnel et le renforcement des capacités au niveau surtout des collectivités de base que sont les communautés rurales. A cela il faut ajouter la mise en place d'infrastructures collectives et de services financiers de proximité. La principale contrainte notée concerne l'état de profond dénuement des collectivités locales. Pour y remédier en plus des divers fonds de dotation et d'équipement (FDD et FECL) qu'il urge d'améliorer, une réforme fiscale d'envergure est en cours en vue d'améliorer le niveau des ressources. En plus les investissements productifs sont encouragés et la législation offre l'opportunité de tirer profit de la coopération décentralisée.

Perspectives d'avenir

Trois axes principaux paraissent décisifs quant à la mise en place d'une véritable décentralisation au Sénégal:
  1. a) une large information des populations accompagnée d'une formation soutenue des acteurs de la décentralisation (élus locaux et autorités déconcentrées)
  2. b) une opérationnalité de cadres de concertation prévus dans le cadre de la régionalisation
  3. c) des ressources conséquentes aux collectivités locales pour une prise en charge parfaite de leurs nouvelles responsabilités.